Ambiance conviviale sur le tournage de la sitcom de la Télévision nationale «Harisssa Land» qui sera diffusée pendant le mois de ramadan 2025. Beaucoup d’humour à l’horizon et des acteurs triés sur le volet et qui incarnent l’esprit de cette production. Jamila Chihi, Riadh Hamdi et Hatem Karoui entourent le réalisateur Zyed Lytaiem mais il y a aussi Jamel Madani qui tient le rôle principal. Il nous a accordé cet entretien entre deux prises.
Vous êtes le personnage principal dans « Harissa Land ». Comment êtes-vous entré dans ce scénario ?
Je suis entré dans ce scénario en participant déjà à sa réécriture. Puisque la production avec l’accord de la Télévision nationale a constitué un atelier d’écriture pour revisiter le scénario écrit déjà par Sami Agrebi. Sans toucher au fond, nous avons constitué un atelier.
Cet atelier m’a réuni avec Insaf Ajimi et le réalisateur Zied Lytaiem avec le dialoguiste Seif Omrane. Ce travail m’a beaucoup aidé à entrer dans cette sitcom que j’ai trouvée intéressante puisqu’elle expose la problématique de l’administration tunisienne . Une problématique qui est devenue malheureusement un véritable handicap pour le pays.
C’est un miroir tendu à l’administration tunisienne. Une image qu’ils connaissent d’ailleurs et qu’ils ne font qu’ignorer .
Dans cette sitcom, vous incarnez le personnage de Béchir, un fonctionnaire très particulier…
Béchir appartient à cette race de fonctionnaires de l’après-indépendance et qu’on qualifie de bâtisseurs de la patrie, ceux qui ont fait l’âge d’or de la jeune Tunisie. Il n’y a pas eu de relève après ces fonctionnaires honnêtes et disciplinés malheureusement. Béchir est le genre de fonctionnaire qui se rase tous les jours et repasse même ses chaussettes.
C’est la discipline vestimentaire et comportementale de la Tunisie nouvellement libérée. Sérieux et discipliné dans son administration, il se trouve entouré de fonctionnaires qui n’ont aucun respect pour ses valeurs .
Ce sont des fonctionnaires paresseux et bien rémunérés, ce qui constitue à mon sens un genre de vol qualifié. L’honnêteté de Béchir ne lui permet pas d’être nommé à un poste supérieur.
Ce rôle vous l’avez endossé en tant qu’acteur ou en tant que citoyen tunisien qui a souffert de l’administration ?
Je l’ai vécu en tant que citoyen tunisien qui a conscience de ce problème qui ronge le pays. S’ajoute à cela ma formation théâtrale dont la motivation était la volonté de construire une patrie florissante et cultivée. Etant né en 1963, j’ai été élevé et nourri par ces nobles principes de servir notre pays. On voulait éléver à un rang très haut la société tunisienne grâce au théâtre. Moi aussi j’ai été déçu par l’administration comme beaucoup de Tunisiens. C’était très motivant pour interpréter le rôle de Béchir. Ce qui est bien dans cette sitcom c’est que les choses sont dites de manière claire et sans détour.
Vous avez travaillé avec plusieurs générations de réalisateurs, Zied Lytaiem fait partie de la dernière. De quelle manière cette collaboration a-t-elle eu lieu ?
J’ai travaillé avec Zied dans sa première œuvre « School » et cela s’est bien passé. Personnellement, j’ai assez de souplesse pour collaborer avec toutes les générations de réalisateurs. Pour moi c’est très constructif d’assimiler la nouvelle génération comme j’ai assimilé la génération précédente. C’est une sorte de gymnastique qui peut être très utile à l’acteur. Je crois beaucoup à la communication entre les générations.