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La troisième édition du Salon international de l’alimentation pour l’Afrique ( IFSA ), qui s’est déroulée du 9 au 11 juillet 2025 au Palais des exposition du Kram, a été une nouvelle occasion pour les professionnels, les experts et même pour les décideurs de réfléchir sur les orientations innovantes et de miser sur les technologies au diapason des avancées mondiales pour promouvoir le secteur agroalimentaire africain. Le salon a ouvert, grand, les horizons de l’échange, du partenariat et de l’investissement, non seulement, pour les exposants provenant de dizaines de pays, mais aussi pour les industriels et les investisseurs Tunisiens.

Cela dit, parallèlement à cette plateforme à dominante économique, une autre facette, régie par autant d’enthousiasme et d’échange culturel, mijotait à feu doux ! C’est qu’en marge de l’IFSA Africa se déroulaient des concours internationaux de l’art culinaire à savoir : Carthage International Chef’s Cup, destiné aux jeunes chefs dans l’optique de les inciter à l’échange culturel et technique en matière de cuisine ; International Culinary Heritage Days Festival, Carthage pizza cup, Cup cake design dans sa première édition, le concours de l’huile d’olive Carthage IOOC dans sa deuxième édition ainsi que la journée baptisée « Al Raghif al Arabi ».

La pizza Italienne ? Ce n’est pas du gâteau !

L’espace culinaire accapare la partie arrière du salon. Chaque concours dispose d’un stand-cuisine propre à lui. Le concours Carthage pizza cup regroupe près d’une douzaine de pizzaiolos, provenant de plusieurs pays, notamment la Tunisie, la Turquie, la Malaisie, l’Iraq, l’Iran et bien d’autres encore. Au deuxième jour de la compétition, les maîtres de la pizza s’apprêtent enfin à passer l’épreuve après avoir, un jour auparavant, préparé la pâte, dans les règles de l’art. « Je suis ravi de pouvoir participer au concours de la meilleure pizza italienne, préparée par des chefs provenant de plusieurs pays. A vrai dire, c’est une première pour moi que de participer à un évènement aussi spécialisé. J’ai pu côtoyer des confrères qui, tout comme moi, ont fait de la pizza leur passion et leur métier », indique Bilel Missaoui, pizzaiolo tunisien depuis plus de quinze ans. Bilel, ainsi que ses concurrents, écoutent attentivement les instructions de Alia Ouali, membre du jury, provenant d’Iraq. « Etes-vous prêts pour commencer ? Avez-vous tous les ingrédients nécessaires à vos pizzas ? Nous allons bientôt commencer », souligne-t-elle sur un ton fervent. Cette cheffe internationale sait pertinemment donner à l’évènement sa juste valeur. « Nous avons été conviés pour faire partie du jury d’une compétition spécifique, axée sur la pizza. Il s’agit d’un véritable challenge notamment pour les pizzaiolos arabes que de préparer, non pas une pizza, dans le sens conventionnel du terme, mais plutôt la pizza italienne en bonne et due forme. Je peux vous assurer que dans le monde en général et dans les pays arabes en particulier, rares sont les chefs qui réussissent le pari. La concurrence sera ardue », souligne-t-elle. Pour Mme Ouali, la préparation de la pâte à pizza italienne et son rabaissement obéissent à des critères bien définis. Les respecter serait le point de force des lauréats.

Les délices de l’Iraq donnent l’eau à la bouche !

Toujours dans ce stand, la cheffe Ibtissem Ali, provenant également d’Iraq, ne cache pas son contentement d’être en Tunisie, parmi les chefs venus de plusieurs pays et représentant plusieurs cultures. « C’est la deuxième fois que je participe à un évènement culinaire en Tunisie et cela me réjouit le cœur », avoue-t-elle, le regard pétillant. Au premier jour du Salon, elle avait contribué au festin concocté à l’honneur de l’ambassade iraquienne en Tunisie, via la préparation de plusieurs variétés de pain iraquien. Il faut, néanmoins, préciser que certaines variétés de pain constituent des repas complets ! « Nous avons préparé le pain Arouq, lequel contient de la viande hachée, des oignons, du céleri ainsi que des levures typiquement iraquiennes. Le pain Doulma, lui, contient toutes les variétés du Malfouf, assaisonnées d’épices du terroir. Nous avons aussi préparé la Maqlouba iraquienne au poulet et aux aubergines, le Torchane, qui représente un plat sucré-salé, contenant des fruits secs et des autres, séchés », énumère –t-elle, fièrement. Au deuxième jour du salon, la cheffe Ali envisage de mettre en lumière les délices de l’Iraq, dont Al mann wal salwa, une pâtisserie préparée à base d’amidon, de pistaches et d’une substance extraite d’une variété d’arbre cultivée en Iraq. Autres délices : Al dahina al iraquiya, faite de beurre rance, de farine, de noix de coco, de noix et aromatisée de hil ; la Kalicha ou Maâmoul farcis de dattes ou de loukoum etc. « Ce sont des délices traditionnels revisités. Demain, nous participerons au concours du Raghif al arabi ( pain arabe) . Aussi, présenterai-je trois variétés que les femmes iraquiennes préparent à la maison », ajoute-t-elle.

Le fake cake : tout se joue sur le design

De l’autre côté de l’espace IFSA, l’on découvre les Fakes cakes que plusieurs candidats spécialisés dans les gâteaux de cérémonies et les pièces montées ont pris soin de les préparer dans le cadre de la première édition du Concours Cake design. A les voir, on comprend, ipso facto, que le thème choisi met à l’honneur le patrimoine tunisien. Sondes Tabaï, candidate, avait entamé sa carrière de cake designer depuis cinq ans. Elle a choisi de célébrer son pays en créant un fake cake, imprégné des couleurs et des symboles de l’un des plus prestigieux et des plus sublimes des villages à travers le monde qu’est Sidi Bou Saïd. « Vu que le jury est tuniso-italien, nous étions face à un choix : mettre à l’honneur le patrimoine italien ou celui, tunisien. Pour moi-même, poursuit-elle, j’ai choisi de mettre en valeur mon pays à travers ce design ». Sondes n’était pas la seule à opter pour ce thème. Disons que le hasard fait bien les choses…Une autre candidate a, elle aussi, tablé sur le même thème. « Aucune de nous deux n’a copié l’autre. Nous avons été informés sur le thème initial du concours près d’un mois à l’avance. Du coup, chacune de nous deux a fait son propre choix, délibérément », ajoute-t-elle. Le présent concours ne prend pas en considération la pâtisserie en elle-même mais simplement le design. « C’est que la tendance, de nos jours, consiste à concevoir des fakes cakes pour célébrer les heureux évènements. Quant au gâteau, continue-t-elle, il est proposé, en parts individuelles, évitant ainsi de contraindre les organisateurs des mariages et des fiançailles à découper des pièces montées. Aussi, le fake cake est devenu un produit fréquemment sollicité ».

Goût, créativité et perspectives

Outre le cake design, le salon organise le Concours de la pâtisserie et ce dans le cadre du concours chef’s cup. Rahma Maâoui, pâtissière professionnelle travaillant dans l’un des plus prestigieux hôtels de la Médina de Tunis, se penche sur la préparation d’un entremet à base de figue. « C’est l’ingrédient phare, choisi pour la compétition », indique-t-elle. Rahma rivalise avec bon nombre de candidats internationaux. Chacun d’entre eux est appelé à donner libre-court à sa créativité de goût pour exceller au concours et décrocher le gros lot ! « Hier, soit au premier jour du Salon, le concours chef’s cup a permis à des cuisiniers en herbe de mettre la main à la pâte ; des chefs provenant de plusieurs écoles et centres de formation professionnelle provenant de plusieurs pays dont l’Iran, la Turquie, le Liban, Qatar, Dubaï, la Russie, L’Egypte, l’Indonésie, l’Algérie, la Jordanie et la Libye. Le premier prix des chefs en herbe, spécialité cuisine, a été décerné à un chef issu de Nabeul. Le prix étant un voyage en Indonésie et la participation à l’Olympiade des chefs. Aujourd’hui, c’est au tour des pâtissiers de passer l’épreuve et de faire preuve de performance. Demain, soit au dernier jour du Salon et des concours, les candidats devront passer l’épreuve du black box, un box où qui contiendrait des ingrédients-surprises à partir desquels ils seront appelés à préparer des plats originaux et innovants », explique Hassen Chmantattou, l’un des responsables de l’organisation du concours.

Carthage IOOC : l’huile d’olive à l’honneur

Encore faut-il souligner que le Salon inclut les travaux de la deuxième édition du concours international de Carthage de l’huile d’olive : Carthage IOOC. Il s’agit du premier concours africain figurant dans le cadre de la classification internationale de l’huile d’olive « Evoo world ranking ». Nous avons tenté de percer le mystère de la salle où se déroulait en huis clos la dégustation, l’analyse et la classification des différentes variétés d’huile d’olive, mais notre curiosité a été, courtoisement, interrompue par les responsables chargés du déroulement des travaux et ce, par respect pour les critères infaillibles d’une compétition internationale de grande envergure.

Photos : Koutheïr KHANCHOUCE

Dorra BEN SALEM

Equipe rédaction La Presse de Tunisie

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