Adopter un animal pour les enfants est devenu un classique. On espère leur inculquer le sens des responsabilités, leur faire quitter les écrans, ou les rapprocher de la nature. Et l’idée, à première vue, semble noble. Pourtant, dans la réalité, cette «adoption pédagogique» peut tourner au désastre.
Chaque année, les refuges recueillent des rongeurs, des lapins, des chats ou des chiots offerts à des enfants qui, très vite, se désintéressent d’eux. Ou dont les parents découvrent, trop tard, la charge mentale, logistique et financière qu’implique un animal. Car un être vivant n’est pas un jouet éducatif.
Il a besoin d’attention constante, de soins, d’un cadre stable. Et surtout, ce n’est pas à un enfant de porter cette responsabilité.
Un enfant ne peut pas anticiper la fatigue, le stress ou les conséquences d’un oubli car il ne peut pas toujours apercevoir les signes de mal-être chez l’animal. Il peut, sans le vouloir, manipuler brutalement un petit lapin, mal nourrir un hamster, oublier de remplir la gamelle ou de nettoyer la litière.
Responsabiliser, oui, mais sous supervision d’un adulte, avec accompagnement et de la patience. L’adulte reste l’unique responsable légal et moral de l’animal. L’enfant peut observer, participer, apprendre… mais pas porter seul cette responsabilité .
En période estivale, les adoptions «pour occuper les enfants» explosent. L’animal devient alors un dérivatif aux vacances longues ou à l’ennui et revient souvent, quelques mois plus tard, dans les mains des refuges ou pire encore abandonné dans la rue.
Il existe des alternatives éducatives bien plus respectueuses. Si l’objectif est d’éveiller les enfants à l’animal et au vivant, il existe d’autres solutions plus responsables comme visiter un refuge ou une ferme pédagogique, participer à un atelier de sensibilisation ou parrainer un animal à distance. Ou bien lire ensemble des livres sur la vie animale et sa spécificité.
Ces expériences laissent une empreinte durable, sans mettre en péril un être vivant.
Et si on inversait la question ?
Plutôt que d’adopter un animal «pour» les enfants, pourquoi ne pas adopter un animal parce qu’on est prêt, en tant qu’adulte, à s’engager pour lui ? Et dans ce cadre, inviter l’enfant à grandir avec cette relation, dans le respect et la durée car un animal n’est pas un outil pédagogique, c’est un être vivant à part entière.