Après Oussama Mellouli, Ayoub Hafnaoui… c’est au tour du jeune nageur Ahmed Jaouadi, le nouveau prodige de la natation tunisienne, âgé de 20 ans, de s’inscrire dans la lignée des grands nageurs du pays et de marquer de son sceau l’histoire de la natation tunisienne, en remportant le double titre de champion du monde sur le 800 m et le 1500 m NL. Derrière cet exploit, le chemin a été semé d’embûches pour ce jeune nageur qui a fait preuve d’une marge de progression énorme ainsi que de persévérance et de résilience pour atteindre les sommets de la natation mondiale. Après la France et Philippe Lucas, ce dernier a choisi pour prochaine étape de mettre le cap sur les USA afin de se préparer pour les prochains Jeux Olympiques de Los Angeles. Entretien.
Bravo pour ton formidable parcours Ahmed. Tu as pris la décision récemment de t’installer à Grenoble. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? Et pourquoi avoir choisi de t’entraîner sous la direction de Philippe Lucas ? Qu’est-ce que son approche a changé dans ta préparation et comment t’a-t-il aidé à améliorer tes performances ?
J’ai choisi Grenoble, car j’ai de la famille là-bas, ce qui a rendu mon installation beaucoup plus facile. Quant à Philippe Lucas, il m’a contacté et a immédiatement cru en moi, en mon potentiel, en mon ambition et en mon rêve de devenir champion. L’expérience s’est avérée extrêmement positive.
Peux-tu nous en dire plus sur ton quotidien en France ? On imagine que la discipline et le rythme d’entraînement sont intenses. Comment as-tu réussi à concilier cela avec tes études ?
Avec Philippe Lucas, je suis passé d’un niveau d’entraînement ordinaire et classique à un programme intensif, ce qui a eu un impact très positif sur mes performances. La progression a été très grande. Mes journées sont rythmées par deux sessions d’entraînement : de 6h00 à 10h00 le matin, et de 14h00 à 18h00 l’après-midi. Au début, c’était difficile, mais j’ai fini par m’y habituer. Concilier ce rythme de sportif professionnel avec mes études a été un véritable défi. Après avoir terminé mon année de baccalauréat, j’ai dû mettre mes études entre parenthèses pour me concentrer pleinement sur la natation. Je prévois aujourd’hui de les reprendre.
Tu as refusé de participer au 400 m nage libre. Pourquoi ce choix ?
J’ai préféré me concentrer pleinement sur le 800 et le 1.500 m, car je ne m’étais pas suffisamment entraîné pour le 400 m. Pour moi, il n’était pas pertinent de m’aligner sur cette distance pour simplement décrocher une médaille de bronze. Je voulais maximiser mes chances de victoire sur mes distances de prédilection.
On dit que derrière chaque grand succès se cache une «armée de l’ombre». Peux-tu nous parler des personnes qui t’ont soutenu psychologiquement et financièrement ?
Ces personnes m’ont prêté main-forte. Elles m’ont soutenu moralement et financièrement. Ce sont des médecins, des fonctionnaires… des gens de tous horizons qui m’ont spontanément contacté pour me proposer leur aide psychologique et financière. Leur soutien a été essentiel pour moi.
Derrière ton exploit aux championnats du monde se cachent de nombreux sacrifices, des déceptions ainsi qu’une grande résilience. Comment as-tu réussi à te relancer après les derniers Jeux olympiques ?
J’ai simplement eu besoin de retrouver le plaisir de nager, de sauter à nouveau dans l’eau et de sentir l’odeur du chlore. Ce retour aux sources m’a permis de reprendre progressivement les entraînements depuis mars dernier.
Ayoub Hafnaoui a été suspendu pour 21 mois. As-tu un avis sur cette sanction ? L’as-tu soutenu ?
Il ne m’appartient pas de donner mon avis sur cette sanction. C’est à lui d’en parler. Ayoub et moi sommes amis en dehors des bassins et il a tout mon soutien.
Pour finir, tu envisages de t’installer aux Etats-Unis pour poursuivre tes études. Pourquoi ce changement de cap ?
C’est une décision que j’ai prise depuis le mois d’octobre dernier. Je pense que ce nouveau cadre me permettra de corriger certaines choses et de poursuivre mes études à l’Université de Floride, tout en m’entraînant avec le célèbre coach Anthony Nesty.