Skip to main content

Sofia Sadok vient de signer son grand retour sur la scène du Festival international de Carthage, après 8 ans d’absence.
Le 13 août dernier, à l’occasion de la Journée nationale de la femme tunisienne, elle a livré un concert mémorable porté par un répertoire riche entre chansons tunisiennes et tarab.
Dans cette interview, elle revient sur la relation tissée au fil des années avec son public, ainsi qu’avec la scène de Carthage, témoin de moments clés de son parcours.

Comment avez-vous vécu votre retour sur scène au festival international de Carthage devant un amphithéâtre comble ?
Concert Carthage

Avant tout, je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers mon public que je considère comme une grande famille. Leur présence chaleureuse et nombreuse a été pour moi un immense honneur. Ils m’ont manqué, tout autant que je leur ai manqué. Ce retour, je l’ai préparé avec une grande sincérité. J’ai mis tout mon cœur dans ce concert car ce public, je l’aime profondément. Je suis avant tout Tunisienne, une sœur, une fille, un membre de cette grande famille nationale. Mon public a toujours été là, fidèle, derrière ma carrière et mes succès. Un artiste ne peut être réellement apprécié que lorsque ses chansons deviennent partie intégrante de la mémoire collective, qu’il s’agisse de titres patriotiques, religieux ou d’amour. Mon répertoire est suffisamment riche et varié pour plaire à tous les goûts, et pourrait même remplir plusieurs soirées.J’ai aussi eu l’honneur de reprendre des chansons de grandes voix, comme Saliha, que le public écoute aujourd’hui à travers mon interprétation. C’est à la fois une grande fierté et une responsabilité. Ce concert n’était donc pas un simple récital, c’était une célébration. J’ai voulu partager ce moment avec tous ceux qui m’aiment, dans un esprit de communion. Ce qui m’a profondément touchée, c’est la diversité du public. Il y avait des jeunes, des adultes, des personnes avec des besoins particuliers.. Tous unis par l’amour de la musique et chantant mes chansons par cœur. Ce fut un moment de bonheur partagé. Je tiens aussi à remercier chaleureusement la troupe musicale qui m’a accompagnée. Majoritairement composée de jeunes passionnés, cette nouvelle génération s’est approprié mon répertoire avec beaucoup de respect et de talent. Le maestro Racem Damak, en particulier, est un musicien d’exception promis à un brillant avenir. Avec cette troupe, je me suis sentie portée, protégée. Ils ont vécu avec moi de grands moments de scène, et je crois que j’ai également laissé une empreinte dans leur parcours tout comme ils viennent de marquer le mien.

Vous avez chanté à Carthage enceinte. Cette année, votre fille était dans le public. Quelles émotions cela vous a-t-il procuré ?
Avec sa fille

C’est une expérience très particulière et chargée d’émotions. En 2009, j’étais enceinte à terme lorsque je suis montée sur la scène de Carthage. Son père et moi nous nous sommes rencontrés, en 1997, lors d’un concert que j’ai donné à ce même endroit. Le 13 août dernier, ma fille était là, dans le public. Elle n’était plus une enfant comme en 2017, où elle avait déjà assisté à mon concert toute petite. Aujourd’hui, elle comprend pleinement qui je suis, ce que je fais et ce que représente ma présence sur cette scène. Ce qui m’a le plus touchée, c’était de voir sa fierté en voyant tout ce monde qui était là pour moi. Elle essayait de s’imprégner de l’ambiance et m’a comblée d’affection. Ma fille est fière de savoir que sa mère a construit sa carrière seule, à force de travail, de passion, et que le respect que l’on me témoigne n’est pas un hasard. Bien sûr, il y a toujours des critiques qui pimentent mon parcours…

Quelle réponse souhaitez-vous apporter à ces critiques ?

Ça ne me dérange pas, au contraire. Je prends le côté positif des choses. C’est une preuve de mon succès, du soutien du public. Je suis ouverte à ces retours pour rectifier des points, perfectionner ce que je fais. C’est arrivé à tous les grands noms, depuis Oum Kalthoum, Abdelhalim et Fayrouz.

On en déduit un lien étroit entre vous et cette scène..

Effectivement. Tout ce qui s’y passe, je le vis comme une affaire familiale.

Est-ce que vous avez d’autres projets en vue après ce concert qui a attiré un large public ? De nouvelles collaborations ?

Il y a une dynamique constante, mais j’ai parfois l’impression que certains journalistes ne suivent pas de près les nouveautés. Je continue à créer, à chanter et à me produire dans des lieux prestigieux, toujours avec le souci de donner le meilleur de moi-même. En ce moment, je travaille sur de nouvelles œuvres en collaboration avec des compositeurs de renom. Je suis convaincue que ces projets, une fois dévoilés, auront un écho fort. J’ai la chance d’avoir dans mon répertoire des titres composés spécialement pour moi par Baligh Hamdi, ainsi que par Jamel Slama. Une tournée européenne est en préparation. Une date confirmée à l’Opéra en Égypte. Si je me suis faite plus discrète ces dernières années, c’est par choix.

 


Concert Sofia

Je me suis entièrement consacrée à ma famille. J’ai voulu vivre pleinement cette période, voir ma fille grandir, construire des souvenirs avec elle. Aujourd’hui, elle est plus autonome, ce qui me permet d’envisager un retour en force. Et je fais la promesse à mon public d’être à la hauteur de leurs attentes. Pour mon dernier concert à Carthage, j’ai voulu proposer un voyage musical mêlant anciens succès et créations plus récentes. Il était essentiel pour moi de créer des moments d’émotion vraie, dont nous avons tous tant besoin. Il y avait aussi une grande part de nostalgie… Par exemple, chanter « Ilah al Arch » a réveillé beaucoup de souvenirs liés au Ramadan en famille. J’ai vu des spectateurs émus jusqu’aux larmes. Ces instants me touchent profondément. Je n’ai pas oublié non plus la Palestine. J’y ai chanté à plusieurs reprises, depuis l’époque de Yasser Arafat. C’est une cause qui me tient à cœur et je tenais absolument à partager cette émotion avec mon public.

Un dernier mot ?

Je tiens à remercier les journalistes qui m’ont toujours soutenue. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de les rencontrer tous lors de mon dernier concert comme il se faisait tard. Je remercie aussi madame la ministre de la Culture, une artiste avant tout, ainsi que madame la ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées. Je reste à leur disposition pour toute célébration ou action caritative. Ce n’est pas une question d’argent, mais surtout un engagement pour le bien de notre pays.

Laisser une réponse