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Mon enfant est victime d’intimidation :Le coaching pour soigner les blessures invisibles

L’école, ce lieu d’apprentissage et de socialisation, peut se transformer en un véritable cauchemar pour un enfant victime de harcèlement. Humiliations, moqueries, mises à l’écart… les blessures sont profondes et souvent invisibles. En tant que parent, votre rôle est crucial. Au-delà du simple soutien, il s’agit d’accompagner votre enfant pour qu’il retrouve sa confiance et sa résilience. C’est là que le coaching scolaire devient un levier puissant, un outil pour passer du statut de victime à celui d’acteur de son propre changement.

Comprendre et détecter la toxicité scolaire

Il est crucial de reconnaître les signes qui peuvent indiquer que votre enfant est confronté à un environnement scolaire toxique, qu’il soit victime, témoin ou même impliqué dans des comportements négatifs. Ces signes peuvent être physiques, émotionnels ou comportementaux. Votre enfant peut refuser soudainement d’aller à l’école, s’isoler de ses amis, perdre l’appétit ou changer ses habitudes de sommeil, devenir irritable, anxieux, ou, au contraire, se montrer très passif et silencieux. Des maux de tête ou de ventre récurrents, ou des plaintes d’être malade le matin avant l’école, peuvent être la somatisation du stress et de l’anxiété. Vous pourriez également observer une baisse soudaine et inexpliquée des notes, un manque de concentration en classe ou à la maison, et une perte d’intérêt pour l’apprentissage. Il est important de prêter attention à ces signes car ils peuvent être des indices d’un profond mal-être.

L’intimidation à l’école : Les formes que cela peut prendre

L’intimidation ne se limite pas aux coups et aux insultes. Elle prend de multiples formes, souvent sournoises, et peut venir d’autres élèves ou même, dans des cas plus rares mais tout aussi graves, d’enseignants. L’intimidation par les pairs peut être physique (coups, dégradation de biens), verbale (insultes, moqueries), sociale (exclusion, propagation de rumeurs) ou virtuelle (cyberharcèlement). Ces comportements, qu’ils soient directs ou cachés, visent à blesser et isoler l’enfant, créant un déséquilibre de pouvoir. Plus grave encore, l’intimidation peut aussi émaner des figures d’autorité, comme un enseignant. Dans ce cas, il s’agit principalement de violence psychologique : l’humiliation publique, les remarques rabaissantes ou l’isolement délibéré.

Pour un enfant, être rabaissé par une personne censée le protéger peut avoir des conséquences dévastatrices sur sa confiance et son estime de soi, le laissant avec un sentiment d’impuissance profonde.

Le danger pour l’avenir de l’enfant

Le harcèlement scolaire n’est pas un simple «mauvais moment» à passer. S’il n’est pas traité, ses conséquences peuvent persister et mettre en péril le bien-être de l’enfant à l’âge adulte. Les victimes de harcèlement ont un risque accru de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles de la personnalité. La faible estime de soi développée pendant l’enfance peut se traduire par des difficultés à l’âge adulte à établir des relations saines, par un manque d’affirmation dans le monde professionnel et par une tendance à se laisser dominer. Sans aide, le traumatisme du harcèlement peut se transformer en un obstacle permanent à l’épanouissement personnel et professionnel. D’où l’importance cruciale d’une intervention rapide et adaptée.

Gagner la confiance et encourager l’expression

Un élève harcelé se sent souvent coupable ou honteux. Il n’ose pas toujours parler, par peur de décevoir ses parents ou d’aggraver la situation. Pour ouvrir le dialogue, il est essentiel d’éviter la toxicité dans l’ambiance scolaire et de l’encourager à s’exprimer. Créez un climat de confiance et d’écoute bienveillante en posant des questions ouvertes qui incitent l’enfant à raconter sa journée, au lieu de simples «Ça a été ?». Par exemple : «Qu’est-ce qui t’a fait sourire aujourd’hui ?» ou «Y a-t-il quelque chose qui t’a contrarié ?». Légitimez ses émotions en lui disant que ses sentiments sont valides, même si vous ne comprenez pas la situation. Évitez les jugements comme «Ce n’est rien, tu t’en remettras» et dites plutôt : «Je comprends que tu te sentes triste/en colère. C’est normal.» Pratiquez l’écoute active en vous montrant pleinement disponible, en rangeant votre téléphone, en maintenant un contact visuel et en reformulant ce qu’il a dit. L’objectif est que l’enfant sente que ses parents sont des alliés, et non des juges. Développez sa confiance en soi en l’encourageant à pratiquer ses passions et en célébrant ses réussites. Une forte estime de soi est la meilleure arme contre l’intimidation.

Le rôle du coaching scolaire

Le coaching scolaire n’est pas une thérapie, mais un accompagnement éducatif personnalisé. Il aide l’élève à se concentrer sur ses forces et à développer des compétences pour faire face à la situation. Le coach travaille à renforcer l’estime de soi de l’enfant en l’aidant à reconnaître ses qualités et ses talents à travers des exercices ludiques. Il aide également l’enfant à se détacher du regard des autres en travaillant sur l’importance de son propre jugement. Le coaching développe aussi l’affirmation de soi et la communication en offrant des outils pratiques pour faire face aux rapports de force, comme des techniques de communication non-violente ou des jeux de rôles pour s’entraîner à réagir de manière adaptée. Enfin, le coaching enseigne des techniques simples pour gérer les émotions et le stress, comme la respiration abdominale ou la visualisation positive, qui peuvent aider l’enfant à canaliser son anxiété et à se ressourcer.

Des outils psychologiques

pour reconstruire

Le coaching scolaire offre un soutien concret en s’appuyant sur des principes psychologiques solides pour aider les enfants à surmonter le harcèlement. Plutôt qu’une thérapie centrée sur le passé, il se concentre sur l’avenir, en donnant à l’enfant des outils pour gérer ses émotions et renforcer sa confiance. Inspiré des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), il aide l’enfant à identifier et à remplacer les pensées négatives («Je suis nul») par des affirmations positives, brisant ainsi la spirale de la honte. Le coaching s’appuie également sur la notion de résilience, en encourageant l’enfant à se reconnecter à ses propres forces et passions pour retrouver un sentiment de contrôle sur sa vie. Enfin, il aide à reconstruire la confiance perdue, souvent endommagée par le harcèlement, en s’appuyant sur les principes de la théorie de l’attachement, permettant à l’enfant de réapprendre à établir des relations saines et positives. Le coaching ne sauve pas l’enfant, il lui donne les moyens de devenir son propre héros.

Des solutions collectives et des ressources

Si le harcèlement persiste, il est vital d’alerter l’établissement scolaire et de solliciter les acteurs spécialisés. En Tunisie, il existe plusieurs ressources pour vous aider :

Le numéro vert 192 : Il s’agit du numéro du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors. Il permet de signaler tout cas de harcèlement ou de danger pour un enfant.

Les Délégués à la protection de l’enfance (DPE) : Présents dans chaque gouvernorat, ces agents de l’État sont des protecteurs de l’enfance. Ils interviennent directement et peuvent prendre des mesures. Vous pouvez les contacter via le 192 ou en vous renseignant auprès des services du gouvernorat.

Les associations spécialisées : Des organisations comme l’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant ou Sawn (Association de protection des enfants et des adolescents contre la violence) offrent un soutien psychologique et juridique. Leurs coordonnées peuvent être trouvées via leurs pages Facebook ou en contactant un centre social.

Ces ressources sont essentielles, mais elles doivent être complétées par des solutions collectives et des actions concrètes pour que la lutte contre le harcèlement soit efficace.

Le harcèlement scolaire n’est pas une fatalité. En Tunisie, comme partout ailleurs, il existe des solutions et des ressources concrètes pour y faire face. L’essentiel est de rompre le silence et de s’engager activement. En unissant nos efforts— parents, enseignants, élèves et institutions — nous pouvons créer des environnements scolaires sûrs et bienveillants, où chaque enfant peut s’épanouir en toute confiance. La lutte contre le harcèlement est une responsabilité collective, et c’est en agissant ensemble que nous pourrons réellement faire la différence.

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