Digitalisation du secteur des assurances, intégration des opérateurs téléphoniques comme intermédiaires, dématérialisation des démarches, le dispositif “Assurance Auto 2.0”, plus évolué et modernisé, sera lancé imminemment par les grandes compagnies d’assurances, à l’instar de notre partenaire la Banque Nationale Agricole via son service “Bancassurance” et sa plateforme BNA. L’assurance automobile, première pourvoyeuse de fonds, représente 40% du chiffre d’affaires total des assureurs.
Le paysage de l’assurance automobile en Tunisie est en pleine mutation. Alors que le marché reste dominé par l’assurance au Tiers obligatoire, l’année 2025 marque une progression notable vers des couvertures de risques plus étendues et une meilleure protection des victimes d’accidents. Cette évolution est tirée à la fois par des réformes législatives et par l’offre des compagnies qui cherchent à répondre à un besoin croissant de sérénité des automobilistes. Ainsi, la Tunisie s’apprête à moderniser en profondeur son système d’assurance automobile avec le lancement imminent du dispositif “Assurance Auto 2.0”, comme l’a annoncé, mercredi 1er octobre 2025, Jouda Khemiri, présidente du Comité général des assurances (CGA) sur les ondes radiophoniques. L’objectif est de dématérialiser l’ensemble des démarches, de la délivrance des attestations à la rédaction des constats, via une carte unique à QR code, accessible depuis un smartphone. Mais cela ne saurait se traduire, sans aménagements structurels et nouvelles avancées en faveur des victimes des accidents de la route, des dégâts humains et des dommages matériels subis.
Avancée majeure, fonds d’indemnisation des victimes
La principale nouveauté de cette année est l’entrée en vigueur, depuis janvier 2025, du «Compte d’assurance des victimes d’accidents de la circulation», issu de la Loi de Finances. Ce nouveau fonds, alimenté notamment par les sociétés d’assurance, représente un pas de géant pour la protection sociale et la réparation des dommages corporels. Ce fonds vise à couvrir les dommages causés par un conducteur responsable mais non assuré ou dont le contrat d’assurance est expiré. Par exemple, si une personne est percutée par un véhicule non assuré, elle pourra bénéficier d’une indemnisation grâce à ce fonds. Toutefois, des poursuites seront engagées à l’encontre du propriétaire du véhicule, conformément à la législation en vigueur. Ce fonds, qui sera alimenté par les compagnies d’assurances, est opérationnel depuis le 1er janvier 2025. Un prélèvement de 0,2 % sur les primes d’assurance payées par les assurés sera affecté à ce fonds, sans entraîner de coût supplémentaire pour les citoyens. L’objectif est de s’assurer que les victimes ou leurs ayants droit, en cas de décès, ne subissent pas de préjudice financier supplémentaire en raison d’une défaillance d’assurance ou d’une insolvabilité du responsable. La procédure est simplifiée. Le fonds est habilité à proposer des règlements à l’amiable, ce qui devrait contribuer à accélérer le processus d’indemnisation par rapport aux procédures judiciaires traditionnelles. Cette réforme met en lumière l’engagement des pouvoirs publics tunisiens à moderniser et humaniser le dispositif d’indemnisation, en dépit des appels de certaines compagnies à une augmentation des tarifs pour faire face à l’accroissement des sinistres et des coûts de réparation.
Montée en puissance des couvertures étendues
Si la responsabilité civile (assurance au tiers) reste le socle légal, le marché observe une demande grandissantes pour les garanties optionnelles. Les compagnies d’assurances rivalisent d’offres packagées pour proposer une véritable extension de couverture des risques en cas d’accident. Aujourd’hui, l’automobiliste tunisien a le choix d’aller bien au-delà du minimum.
L’utilité pour l’assuré est que les dommages ou la collision sont compris dans la couverture des dommages subis par le propre véhicule, même en cas de responsabilité, si l’autre véhicule est identifié. Cela évite un coût de réparation lourd, même en cas de faute ou de collision simple. Il y a aussi l’indemnisation du conducteur pour ses propres dommages corporels (frais médicaux, invalidité, décès), responsable ou non de l’accident. Il y a une volonté de combler le vide de l’assurance au Tiers qui ne couvre que les tiers. La couverture contre les dégâts causés par les inondations, tempêtes, grêle et de tout ce qui est en rapport avec la force de la Nature est de plus en plus pertinente, face à la recrudescence des événements climatiques extrêmes. Les dommages subis pour vol, incendie, bris de glace octroient des garanties classiques qui sont de plus en plus incluses dans des formules intermédiaires (tiers étendu). La protection contre les risques les plus courants, hors accident de la circulation, est garantie. Les formules « Tous Risques » continuent de séduire particulièrement les propriétaires de véhicules neufs ou récents, proposant une protection maximale contre pratiquement tout type de dégâts, y compris le vandalisme ou les dommages sans collision. Plusieurs assureurs offrent désormais des avances sur réparation ou des services de garagistes conventionnés sans avance de frais, simplifiant grandement la gestion post-sinistre.
Vers une digitalisation accélérée
L’année 2025 est également celle de l’accélération numérique. Pour fluidifier le traitement des sinistres, plusieurs compagnies s’orientent vers l’adoption du e-constat et la simplification des plateformes numériques. L’objectif est clair, réduire les délais de traitement et d’indemnisation et améliorer l’expérience client, notamment dans le cadre de la convention inter-compagnies. En conclusion, si la question de l’équilibre tarifaire reste un débat constant, l’assurance automobile en Tunisie en 2025 se dirige résolument vers une meilleure prise en charge des risques, offrant à l’automobiliste tunisien des options de couverture plus sophistiquées pour une conduite plus sereine. Quelles seront les prochaines étapes de cette modernisation ? La question de l’introduction de critères de tarification basés sur la conduite (Pay-As-You-Drive) pourrait-elle être la prochaine grande réforme? Qui vivra verra.