La chute de cheveux, ou alopécie, est une épreuve universelle qui touche hommes et femmes, traversant les âges avec la même discrète insistance. Ce phénomène peut résulter de causes multiples : hormonales, nutritionnelles, psychologiques ou encore environnementales. Alors, quand faut-il s’inquiéter ? Plongée dans ce mystère capillaire qui va bien au-delà de la simple beauté.
Quand les cheveux tombent, le corps parle
La chevelure n’est pas seulement un ornement : elle exprime la personnalité, soutient la confiance en soi et incarne, dans de nombreuses cultures, l’énergie vitale. Quand elle commence à se clairsemer et à tomber de manière excessive, cela suscite souvent inquiétude et inconfort. Et pour cause : derrière cette chute, il y a parfois des signaux que le corps envoie. La tentation est grande de camoufler la chute de cheveux à coups de soins ou avec l’utilisation de poudres densifiantes ou de sprays colorants. Mais ce réflexe masque souvent l’essentiel : cette perte, bien plus qu’un souci esthétique, peut être le symptôme visible d’un trouble invisible. Cette chute, qu’elle soit soudaine ou progressive, diffuse ou localisée, peut traduire un dysfonctionnement plus profond. C’est le corps qui tente de signaler un déséquilibre plus profond, silencieux mais bien réel.
Le cycle de vie du cheveu : un équilibre fragile
Nos cheveux poussent par cycles. Pendant une durée moyenne de deux à cinq ans chez l’homme, trois à sept ans chez la femme. Le cycle de vie des cheveux est une véritable chorégraphie naturelle, où chaque cheveu suit un rythme bien orchestré entre croissance, repos et renouvellement.
Ce cycle de vie présente trois phases :
- Phase Anagène (Croissance) : La phase anagène est la plus longue et la plus active : c’est là que le cheveu pousse, nourri en profondeur dans le cuir chevelu. Elle peut durer plusieurs années jusqu’à 2 à 7 ans et parfois même 10 ans. Le follicule pileux, véritable usine miniature nichée sous le cuir chevelu, produit les cheveux à un rythme impressionnant : entre 1,5 et 2 millimètres par semaine, soit environ 1 à 1,5 centimètre par mois. Ce cycle de croissance, pourtant discret, mobilise une activité cellulaire intense, dépendante de notre état de santé, de notre alimentation, de nos hormones… et même de notre niveau de stress. Ainsi, chaque cheveu qui pousse est le reflet silencieux mais fidèle de ce qui se passe dans notre corps.
- Phase Catagène (Transition) : La phase catagène dure environ deux semaines. Les cheveux se mettent en pause. C’est le repos avant la chute.
- Phase Télogène (Chute) : La phase télogène est une sorte de sommeil biologique où le cheveu, désormais détaché de son follicule, reste encore accroché quelques semaines, entre 2 et 3 mois, jusqu’à ce qu’il tombe naturellement, souvent lors du brossage ou du lavage. À cette chute succède un nouveau cycle de croissance pour donner une nouvelle tige capillaire.
En temps normal, environ 85 à 90 % des cheveux sont en phase anagène. Mais lorsque ce cycle est perturbé, il entraîne un nombre élevé de cheveux en phase de chute ou une repousse insuffisante, ce qui aboutit à une chute de cheveux anormale. Le déséquilibre entre les phases du cycle capillaire peut être provoqué par une pluralité de facteurs souvent largement intriqués.
Une pluralité de facteurs, étroitement imbriqués
Chaque matin, des cheveux sur l’oreiller. À chaque brossage, une poignée de plus. Sous la douche, les cheveux se détachent en silence, s’enroulent autour des doigts comme des fils de soie brisée formant une petite touffe qui inquiète, mais que l’on tente d’ignorer. Mais au fond, on le sent : pour beaucoup, la chute de cheveux est une réalité angoissante, souvent vécue en silence, entre fatalisme et solutions improvisées. Pourtant, ce phénomène courant n’est jamais totalement anodin. Les causes sont multiples et souvent insoupçonnées.
Chute de cheveux et hormones : un lien intime
Chez les femmes, la chute de cheveux peut être particulièrement liée aux fluctuations hormonales : après un accouchement, le taux d’œstrogènes chute brutalement, ce qui provoque une perte de cheveux diffuse appelée effluvium télogène. Ce phénomène est temporaire mais souvent impressionnant, et la repousse est souvent spontanée, mais cela peut prendre 6 à 12 mois. Par ailleurs, l’arrêt d’une pilule contraceptive, ou l’approche de la ménopause, donne aussi des variations du taux d’œstrogènes et de progestérone qui fragilisant le bulbe capillaire et entraînent un affinement progressif de la chevelure. Chez les hommes, l’alopécie androgénique, la fameuse calvitie héréditaire, est due à une hypersensibilité des follicules à la dihydrotestostérone (DHT), une hormone dérivée de la testostérone. Cette forme de chute est progressive et irréversible, souvent inéluctable sans prise en charge médicale.
Quand l’esprit fatigue… les racines
Les périodes de stress intense peuvent vraiment faire tomber les cheveux. Un deuil, un choc émotionnel, un burn-out ou même une infection sévère (comme la Covid-19) peut en être la cause. Le lien entre stress et chute de cheveux est désormais bien établi, notamment via la production accrue de cortisol, une hormone de stress qui influence directement les follicules pileux. Ce phénomène s’appelle l’effluvium télogène, un terme scientifique qui désigne une chute soudaine, souvent massive, due à un dérèglement du cycle capillaire. Sous l’effet du stress, les follicules pileux passent prématurément en phase de repos, ce qui provoque la chute deux à trois mois plus tard. La bonne nouvelle ? Cette chute est souvent réversible dès que l’équilibre émotionnel revient. Il est donc essentiel de prendre soin de sa santé mentale autant que de sa chevelure.
Carences alimentaires : un poison silencieux pour vos racines
Vos cheveux sont le reflet direct de votre assiette. Une alimentation déséquilibrée, trop restrictive ou pauvre en nutriments peut affaiblir la fibre capillaire et ralentir sa croissance. En effet, les cheveux sont constitués majoritairement de kératine, une protéine riche en acides aminés soufrés, et ont besoin d’un apport constant en vitamines et minéraux. Les personnes végétariennes, celles souffrant de maladies digestives (comme la maladie cœliaque ou la maladie de Crohn) ou les femmes ayant des règles abondantes sont particulièrement à risque. Ou tout simplement une alimentation déséquilibrée ou une carence peut altérer la croissance capillaire. Le fer, le zinc, la vitamine D, les protéines et les vitamines du groupe B (B6, B8/biotine, B12) sont les principales carences impliquées. Un simple bilan sanguin peut souvent permettre d’identifier ces carences, et une supplémentation adaptée peut faire toute la différence.
Maladies et traitements : les causes invisibles
Certaines maladies, souvent silencieuses, peuvent se cacher derrière une chute de cheveux persistante. C’est le cas de troubles de la thyroïde (hypothyroïdie ou hyperthyroïdie), de maladies auto-immunes comme le lupus, ou encore le diabète et l’anémie. Par ailleurs, certains traitements médicamenteux, comme la chimiothérapie, mais aussi des antidépresseurs, des anticoagulants ou des médicaments pour l’hypertension, peuvent aussi entraîner une chute temporaire ou durable. Dans ces cas, un diagnostic médical est essentiel pour adapter la prise en charge. Il est important de noter que l’arrêt brutal d’un médicament peut également provoquer une chute de cheveux, notamment dans le cas des contraceptifs oraux.
Facteurs mécaniques et agressions externes, des gestes du quotidien à revoir
Colorations trop fréquentes, lissages chimiques, sèche-cheveux brûlants, extension capillaire, coiffures trop serrées (tresses et chignons)… Tous ces gestes que l’on pense esthétiques peuvent, à la longue, traumatiser le cuir chevelu et endommager la tige capillaire. Ce qui entraîne sa cassure et sa chute sous l’effet d’une traction excessive. Cette forme de chute est appelée alopécie de traction. Par ailleurs, certaines personnes constatent une chute plus marquée au printemps ou en automne, phénomène souvent temporaire mais lié à des facteurs hormonaux saisonniers ou à des changements de lumière. Quant à la pollution, le tabac et le soleil, ce sont des facteurs environnementaux qui augmentent le stress oxydatif au niveau des follicules et peuvent accélérer le vieillissement capillaire.
En résumé La chute de cheveux, lorsqu’elle dépasse un certain seuil ou qu’elle se prolonge dans le temps, n’est jamais anodine. Elle peut être le reflet de déséquilibres profonds qu’ils soient liés à un dérèglement hormonal, à une carence nutritionnelle, à un stress chronique, à une maladie sous-jacente ou à certains traitements médicaux, pourtant indispensables qui, en soignant ailleurs, fragilisent le cuir chevelu. Trop souvent, elle est traitée uniquement sous un angle esthétique, alors qu’elle mérite une **approche globale**, centrée sur l’écoute du corps parce que derrière chaque cheveu perdu, se cache parfois une histoire que le corps essaie de raconter.