Révélée très jeune au grand public, Yosra Mahnouch s’est rapidement imposée comme l’une des voix les plus marquantes de sa génération. Aujourd’hui, ses performances font salle comble, ses vidéos cumulent des millions de vues et son répertoire transcende les frontières et les styles.
Rencontre avec une artiste sincère, discrète, mais résolument ambitieuse.
Vous avez commencé votre carrière dès l’enfance. Depuis, votre notoriété ne cesse de grandir. Aviez-vous anticipé un tel succès ?
Je suis née dans une famille de musiciens. Dès mon plus jeune âge, j’ai eu l’opportunité de faire mes premières apparitions à la télévision tunisienne, ce qui n’était pas chose facile à l’époque. C’est ce qui m’a permis d’entrer en contact avec le public qui m’a découverte et accueillie avec beaucoup de chaleur. Très tôt, j’ai ressenti cet amour du public et je n’ai jamais considéré la notoriété ou le succès comme quelque chose d’inaccessible. Bien au contraire. J’ai toujours eu la conviction d’être née artiste et que la sincérité avec laquelle je m’exprime finirait par toucher les gens. Mon souhait est de continuer à être à la hauteur de leurs attentes, tout en préservant le respect et l’authenticité dans ma relation avec le public.
Au-delà des qualités vocales, quels sont, selon vous, les critères essentiels pour réussir dans la musique ?
Le talent est important, bien sûr, mais ce n’est pas suffisant. Le travail reste, à mon avis, la clé de toute réussite quel que soit le domaine. Il faut apprendre de ses erreurs, persévérer et surtout ne jamais baisser les bras face aux difficultés. Chaque artiste a un parcours unique et il est essentiel de faire preuve de patience. Pour ma part, chanter est une véritable passion et je crois que le public ressent cet amour sincère que j’ai pour mon métier, surtout les vrais mélomanes. La passion est, selon moi, un élément fondamental dans ce milieu.
Vous interprétez des chansons dans différents dialectes : tunisien, égyptien, du Golfe.. Vous alternez également entre créations originales et reprises. Est-ce un choix de ne pas vous spécialiser dans un style en particulier ?
Quand on a la capacité d’être polyvalent, pourquoi s’en priver ? La musique ne se limite ni à un dialecte ni à un genre. Je m’intéresse avant tout à la bonne musique, celle qui émeut, qui fait vibrer, qui apaise ou qui procure de la joie. Je ne ressens pas le besoin de me restreindre à un style unique tant que je me sens à l’aise et que je peux l’interpréter avec justesse. J’ai bien sûr mes préférences musicales et j’ai choisi de me recentrer sur certaines d’entre elles. C’est ce que vous aurez l’occasion de découvrir très prochainement.
Comment vivez-vous la concurrence dans le domaine musical ?
Honnêtement, je ne me focalise pas trop sur ces aspects. Je suis plutôt dans une démarche d’amour, de partage et de bienveillance. J’apprécie une ambiance artistique conviviale et respectueuse. Il y a beaucoup de voix que j’admire profondément. Bien sûr, la concurrence existe, mais je pense qu’elle peut être saine lorsqu’elle est honnête et qu’elle se joue entre artistes talentueux. Chacun apporte sa propre sensibilité, sa vision, sa façon d’exprimer la musique. C’est cette diversité qui rend notre domaine si riche.
Vous êtes également compositrice. Comment avez-vous commencé, et êtes-vous satisfaite de cette expérience ?
J’ai commencé à composer il y a de nombreuses années de manière très naturelle, presque instinctive. Mes parents me racontaient que, toute petite déjà, je m’amusais à mettre en musique les phrases les plus simples du quotidien. La composition a toujours évolué en parallèle avec le chant. Pourtant, je ne m’y suis jamais pleinement consacrée. Je n’ai pas encore proposé mes compositions à d’autres artistes, ni envisagé d’en faire une activité à part entière. Pour moi, composer reste avant tout un plaisir, une autre façon d’exprimer mes émotions et de créer un lien avec le public. Je suis très exigeante avec moi-même, je pratique souvent l’autocritique. Il m’est difficile d’être complètement satisfaite. Je suis toujours en quête de perfectionnement. Mais, dans l’ensemble, je suis heureuse de cette facette de mon parcours car je la vis avec beaucoup de passion.
Quand vous faites le bilan de votre carrière, quels sont les choix dont vous êtes particulièrement fière ?
Je suis fière de l’ensemble de mon parcours, y compris des expériences qui n’ont pas abouti. Même les échecs ont leur importance. Ils nous enseignent, nous forgent et préparent souvent le terrain pour de futurs succès.
Quelles sont les décisions que vous auriez voulu changer ?
Je ne veux absolument rien changer. C’est toujours bien de se remettre en question. Finalement, je me suis rendue compte que chaque étape, chaque décision a contribué à faire de moi l’artiste que je suis aujourd’hui. Je ne regrette donc rien, car c’est en osant et en tentant qu’on apprend et qu’on évolue.
Vous jouez souvent à guichets fermés. Pourtant, on vous voit surtout lors des festivals et très peu dans les médias. Pourquoi ce choix de discrétion ?
Oui, c’est un point que je reconnais. Je suis une personne très sociable, mais aussi très casanière et profondément attachée à ma famille et à mes proches. En contrepartie, j’ai tendance à garder mes distances avec l’exposition médiatique et je préfère que le public me découvre et me suive à travers mes chansons plutôt que par mes apparitions dans des émissions. Je reçois souvent des retours de personnes qui aimeraient me voir m’exprimer davantage en dehors de la scène et je comprends cette attente. Pour l’instant, je choisis de me concentrer pleinement sur la musique. Je suis en création constante et mon énergie est surtout dirigée vers la préparation de nouveaux projets pour le public.
Après ce grand succès en Tunisie et hors frontières, quels sont vos rêves aujourd’hui ?
Je suis une personne très ambitieuse et j’ai toujours envie d’avancer, d’explorer de nouvelles voies, de me renouveler artistiquement. Sur le plan professionnel, je rêve de continuer à évoluer. Mais au-delà de la carrière, ce à quoi j’aspire profondément, c’est à la **paix intérieure**. C’est pour moi une forme de réussite essentielle qui donne tout son sens au reste.