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La chute de cheveux n’est pas une fatalité, mais elle exige une approche rigoureuse et une vision à long terme. Cependant, nombreuses sont les promesses enjôleuses: shampoings «miraculeux», compléments alimentaires «inédits», traitements médicaux «révolutionnaires»… Mais que dit vraiment la médecine ? Entre traitements validés scientifiquement et méthodes séduisantes dépourvues de preuves, il devient facile de se perdre dans un univers où réalité et illusion s’entrelacent subtilement.

Comprendre la chute de cheveux : une étape fondamentale

Nombreux sont celles et ceux qui perdent souvent du temps et de l’argent dans les traitements cosmétiques sans identifier la cause de la chute qui, dans ces cas, devient rebelle et s’aggrave. Il est par ailleurs essentiel de comprendre le type de chute de cheveux dont on souffre, car les causes et mécanismes ne sont pas identiques : hormonal, carentiel, inflammatoire ou auto-immun. Par conséquent, le traitement est aussi différent. L’alopécie androgénétique, par exemple, est l’une des principales causes de chute de cheveux chez la femme, mais elle n’entraîne jamais de calvitie totale et ne touche pas les poils du corps et du visage. Elle résulte d’une combinaison entre prédispositions génétiques et une sensibilité accrue des follicules pileux aux androgènes, hormones sexuelles mâles produites par les ovaires et les glandes surrénales. Chez la femme, la sécrétion d’androgènes est un phénomène normal, mais elle se fait en quantité bien moindre que chez l’homme. D’autres formes de chute sont plus transitoires, comme l’effluvium télogène, qui survient souvent à la suite d’un stress physique ou psychologique important, d’une maladie, d’un choc hormonal ou d’une carence. Ce type de chute est généralement réversible lorsque la cause est identifiée et corrigée. Certaines alopécies sont plus sécifiques et nécessitent des prises en charge spécialisées, comme l’alopécie cicatricielle, liée à des maladies inflammatoires ou auto-immunes, ou encore la pelade, d’origine a priori auto-immune, qui se manifeste par une perte localisée en plaques.

Ces distinctions sont déterminantes pour le choix du traitement : un shampoing ne pourra rien contre une alopécie androgénétique, tout comme un complément alimentaire ne traitera pas une pelade.

Les solutions médicales validées : des preuves, pas des promesses

La médecine dispose aujourd’hui de plusieurs traitements capables de ralentir ou de stabiliser une alopécie. Certains permettent même une repousse partielle. Le minoxidil, l’un des produits phares qui est, à la base, utilisé pour traiter l’hypertension artérielle par son effet vasodilatateur (augmente le diamètre des vaisseaux), a montré un effet spectaculaire sur la croissance capillaire. En effet, la croissance du follicule pileux est stimulée par l’effet vasodilatateur qui améliore la microcirculation sanguine au niveau du cuir chevelu, et par conséquent l’oxygénation et les apports nutritionnels. Par ailleurs, ce produit, utilisé majoritairement en lotion topique, n’a rien de miraculeux : il agit lentement, son efficacité dépend de la régularité d’application et, surtout, il doit être poursuivi dans la durée, sous peine de voir la chute reprendre. D’autres traitements ont également fait leurs preuves, en particulier les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase comme la finastéride ou le dutastéride. Ils sont prescrits principalement chez les hommes souffrant d’alopécie androgénétique, avec des taux de stabilisation très élevés et parfois une repousse visible. Ces traitements nécessitent une prescription médicale, un suivi régulier et une bonne compréhension de leurs bénéfices et risques.

Lorsque la perte de cheveux est avancée et que les cheveux sont devenus fins, clairsemés, laissant apercevoir le cuir chevelu dans certaines zones, la greffe capillaire représente alors une solution chirurgicale durable. Les techniques modernes, en particulier la FUE (Follicular Unit Extraction), permettent d’obtenir des résultats naturels sans cicatrices visibles au niveau des zones donneuses. Les unités folliculaires réimplantées dans les zones dégarnies continuent de pousser toute la vie. Cependant, cette approche ne constitue pas une solution définitive car la chute peut continuer à évoluer. Ainsi, l’association d’un traitement médical est nécessaire pour stabiliser la chute sur les zones restantes, lesquelles peuvent aussi nécessiter d’éventuelles greffes capillaires tant que le capital de la zone donneuse le permet. Toutefois, face à la lenteur des résultats et au caractère contraignant et rigoureux du traitement, de nombreuses personnes, impatientes ou découragées, multiplient le changement de médicaments ou de lotions, séduites par des promesses venues de toutes parts qui bien souvent se révèlent inefficaces.

Des remèdes aux effets non prouvés scientifiquement

Sous l’étiquette prometteuse de la médecine régénérative et biologique, les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) connaissent aujourd’hui un engouement croissant. Cela consiste à injecter dans le cuir chevelu le plasma du patient concentré en plaquettes, soi-disant riche en facteurs de croissance, dans le but de stimuler l’activité folliculaire. A ce jour, aucune preuve scientifique rigoureuse ne peut montrer l’efficacité de cette pratique. En effet, chaque plasma diffère d’un patient à l’autre, par conséquent, les fameux facteurs de croissance diffèrent aussi. Par ailleurs, la manipulation de produits sanguins constitue un risque potentiel de contagion si les règles de sécurité ne sont pas respectées et si par malheur une erreur humaine se produit.

Les compléments alimentaires et produits cosmétiques peuvent accompagner la stratégie globale de la prise en charge de la chute de cheveux, mais ne remplacent pas les traitements médicaux validés. En effet, face à la détresse des milliers de personnes, une véritable industrie s’est développée autour de la chute capillaire : les shampoings dits «anti-chute» en sont l’exemple le plus frappant. Infusés de caféine, de peptides, de kératine ou d’huiles végétales, ils promettent de renforcer la chevelure. En réalité, leur action se limite à nettoyer, apaiser le cuir chevelu ou améliorer la texture du cheveu. Aucun produit cosmétique seul ne peut inverser une chute hormonale ou génétique. Quant aux compléments alimentaires, zinc, biotine, fer, vitamines B ou D, ils ne trouvent leur intérêt que lorsqu’il y a une réelle carence vérifiée par un bilan sanguin. Sinon, en l’absence de carence, leur impact sur la chute est minime. Ils peuvent accompagner un traitement, mais en aucun cas le remplacer. Par ailleurs, il est indispensable de rejeter les solutions miracles sans preuve scientifique et de privilégier une approche individualisée, valide, rigoureuse et durable.

L’importance du mode de vie

Même le meilleur traitement médical ne peut porter ses fruits si les causes aggravantes ne sont pas prises en compte. Car la santé capillaire ne dépend pas uniquement d’un traitement, elle se nourrit avant tout du mode de vie.

  • Une alimentation équilibrée, riche en protéines, en fer et en vitamines du groupe B, renforce la fibre capillaire et soutient la repousse.
  • A l’inverse, le stress chronique agit comme un facteur déclenchant ou aggravant de la chute.
  • Le manque de sommeil, le tabagisme, certaines habitudes capillaires agressives, comme les coiffures trop serrées ou les traitements chimiques répétés, ainsi que certains gestes compulsifs, comme s’arracher les cheveux d’une manière répétée (trichotillomanie), fragilisent le cuir chevelu et affaiblissent les follicules.

Préserver la vitalité de sa chevelure, c’est donc adopter des habitudes de vie saines et bénéfiques.

Démêler le vrai du faux

Le stress peut provoquer une chute de cheveux.
Vrai

Le stress peut déclencher un effluvium télogène, une chute temporaire mais impressionnante et heureusement souvent réversible.

La greffe capillaire donne
des résultats définitifs
Vrai

Une greffe bien réalisée donne des résultats durables dans le temps. Mais elle doit toujours s’accompagner de traitements médicaux pour freiner une éventuelle calvitie évolutive.

L’alopécie androgénétique peut atteindre les cheveux greffés
Faux

Les follicules à greffer sont prélevés dans des zones donneuses généralement résistantes aux effets du DHT (dihydrotestostérone : hormone impliquée dans la chute de cheveux). Une fois transplantés, ces follicules conservent cette « mémoire génétique » et restent donc insensibles aux mécanismes responsables de l’alopécie androgénétique.

Le minoxidil arrête
complètement l’alopécie
androgénétique
Faux

Le minoxidil ralentit la chute et stimule la repousse, mais ne guérit pas l’alopécie androgénétique. Il aide à conserver le capital capillaire existant. D’où l’intérêt de l’utiliser dès la survenue d’une chute de cheveux.

La chute de cheveux
est possible chez l’enfant
Vrai

Un enfant peut perdre ses cheveux, même si c’est rare. Souvent, cela résulte d’infections, de stress ou de troubles auto-immuns.

Enfin, il est important de garder en tête qu’aucune solution ne donne de résultats en quelques jours, ni ne procure une chevelure de rêve éternelle. Les cheveux ne repoussent pas par magie ni par miracle, mais avec patience, rigueur et une approche médicale spécialisée. A l’inverse, les shampoings « révolutionnaires », compléments aux effets vantés et gadgets séduisants nourrissent souvent la déception plus que l’espoir. Le véritable secret réside dans une stratégie personnalisée, fondée sur un diagnostic précis et une thérapeutique fiable et validée par la science. Ne perdez pas de temps avec les fausses promesses ; comprendre la cause, c’est déjà commencer à reprendre le contrôle.

Imen MEHRI TURKI

Médecin Expert Chirurgie Maxillofaciale et Esthétique

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