Installée à Maâmoura, ville côtière de Tunisie, située dans la région du Cap Bon à 5 kilomètres au nord de Nabeul et en contiguïté avec Béni Khiar, Daouda Ben Salem (67 ans) est la doyenne des artisans du festival de l’harissa, qui s’est déroulé les 17, 18 et 19 octobre 2025, à « Dar Nabel » (ex-Dar Sidi Ali Azzouz, siège de l’Association pour la sauvegarde de la ville de Nabeul). Portrait d’une combattante du cancer.
Daouda Ben Salem n’a loupé que la première édition du festival de l’harissa de Nabeul. Chaque année, lors de cette grande messe culinaire, Ommi Daouda — comme aiment l’appeler ses clients — se sent comme chez elle. «J’ai manqué la toute première édition. Depuis, je suis là chaque année », raconte-t-elle.
Outre son engagement professionnel sans faille, cette inoxydable et infatigable artisane de 67 ans est une véritable combattante au sens propre comme au figuré. Alors que l’«Octobre rose» (campagne annuelle mondiale de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche, Ndlr) bat son plein, entre ses séances de chimiothérapie et ses préparatifs pour faire bonne figure au Festival de l’harissa de Nabeul, cette grand-mère a installé comme à l’accoutumée son stand juste au fond du patio principal de « Dar Nabel », à droite de la scène principale.
« C’est un week-end où je travaille super bien »
Pour cette Maâmourienne, qui vend aussi d’autres produits du terroir (mhamsa, bsissa, mloukhiya, couscous, hydrolat de fleur de bigaradier, eau de fleur de géranium et de roses de Damas, osent séché, etc.), le rendez-vous est important, et ce, malgré son combat contre le cancer du sein et les aléas de la vie.
«C’est un week-end où je travaille super bien, mieux que tout au long de l’année. C’est moins stressant, car les gens sont détendus, heureux d’être là. Mes filles Souheila et Ferdaous viennent m’aider, on passe un super moment et on termine tous à la maison autour d’une bonne chakchouka et un verre de thé noir ». « Il y a des clients qui habitent loin et qui reviennent chaque année me voir. Dans notre métier, la fidélisation et le bouche-à-l’oreille sont nos principaux alliés», assure-t-elle.
🌶️ Le Cœur du Stand
Sur ses quatre mètres carrés de stand, ses étals achalandés proposent plus d’une dizaine de produits différents, notamment ses **harissas traditionnelles ou cuites à la vapeur sur un feu de bois**. Et son coin ne désemplit jamais. Outre son charisme et son magnétisme, les produits d’Ommi Daouda attirent les visiteurs et les festivaliers à la recherche de l’authenticité et de la qualité artisanale.
«A cette période de l’année, j’essaie d’écouler ma nouvelle production d’harissa **« mfawra » (cuite à la vapeur)** ainsi que mes autres produits, le tout fait maison. Avec ma fille Souheila, on prépare le festival au moins trois semaines à l’avance. Souvent le dimanche soir, il ne me reste plus grand-chose».
Du vendredi matin au dimanche soir, Ommi Daouda n’a qu’un seul objectif : vendre ses produits du terroir avec toujours le sourire aux lèvres.
« Je n’ai pas le temps d’aller goûter les harissas des autres artisanes. Mais je ne vais quand même pas me plaindre. Au contraire, j’ai toujours attendu ce week-end avec impatience ».
✨ Un Souhait pour l’Avenir du Festival
Son seul souhait : que ce festival puisse durer dans le temps et s’étaler sur plusieurs jours. « Trois jours ! C’est insuffisant! On aimerait bien que ce rendez-vous annuel puisse être organisé pendant une semaine entière, notamment durant les vacances scolaires», espère-t-elle. Voilà un souhait qui pourrait donner des idées aux organisateurs de ce festival populaire.