Le Bitcoin traverse une tempête depuis quelques semaines après avoir tutoyé les 109.000 dollars en janvier. Il s’est effondré sous la barre des 90.000 la semaine dernière, perdant près de 18 % en quelques jours. Pour les investisseurs, c’est un choc, d’autant qu’Ethereum (autre crypto) suit la tendance avec une baisse de 10%, tombant à 2.400 dollars. Que s’est-il passé? Entre une économie mondiale sous pression, un grave piratage et des mouvements stratégiques des gros porteurs, les explications ne manquent pas mais ne montrent pas tout.
Le contexte global pèse lourd depuis l’investiture de Donald Trump en janvier, car les marchés financiers vivent dans l’incertitude. En effet, le président américain brandit la menace de droits de douane élevés contre la Chine, le Mexique et le Canada, ravivant le spectre d’un conflit commercial majeur. Dans ce climat, les actifs spéculatifs comme le Bitcoin perdent de leur attrait et les investisseurs se tournent vers des valeurs refuges traditionnels comme l’or, par exemple, qui atteint un pic historique à 2.939,30 dollars l’once cette semaine.
Une conjoncture économique qui change la donne
Longtemps présenté comme une alternative aux systèmes financiers classiques, le Bitcoin montre pourtant des signes de dépendance. Ses mouvements épousent désormais ceux des indices boursiers, à l’image du Nasdaq, mais face à l’inflation persistante, aux tensions géopolitiques et aux rumeurs de récession, nombreux sont ceux qui préfèrent temporiser avant de miser sur les cryptomonnaies.
Un autre coup dur est venu du secteur lui-même il y a deux semaines quand Bybit, une plateforme d’échange de premier plan, a subi une attaque informatique d’ampleur. Les pirates ont dérobé 1,5 milliard de dollars, un hold-up qui évoque l’effondrement de FTX en 2022. La nouvelle a déclenché une vague de retraits massifs sur la plateforme, accompagnée d’une vente précipitée de Bitcoins dont le cours, qui oscillait autour de 99.400 dollars, a chuté à 95.000 en quelques heures.
Cet incident met à nu la fragilité d’un système, et si la blockchain reste sécurisée, les infrastructures centralisées comme les plateformes d’échange sont vulnérables. La confiance des utilisateurs s’en trouve ébranlée, avec des répercussions immédiates sur les valorisations.
Les grands détenteurs de Bitcoin, surnommés «baleines», ont aussi leur part de responsabilité. Après la flambée de janvier, beaucoup ont choisi d’empocher leurs gains, ainsi des Bitcoins acquis à 30.000 dollars il y a deux ans, peuvent être revendus à 100.000 offrant aux spéculateurs une marge impressionnante. Les données montrent des ventes importantes ces derniers jours, amplifiant la pression baissière qui, combinée à l’expiration récente d’options sur Bitcoin et Ethereum ( des contrats financiers qui accentuent la volatilité ), a précipité la chute.
Un avenir incertain, mais des signaux persistants
Pour autant, tout n’est pas perdu car, sur la blockchain, l’activité reste stable, et les HODLers» ( ces investisseurs qui conservent leurs Bitcoins contre vents et marées ) tiennent bon. Un indicateur intrigue : une quantité croissante de bitcoin migre des plateformes vers des portefeuilles privés, signe d’une confiance maintenue chez certains.
À court terme, les regards se tournent vers le seuil des 85.000 dollars. S’il résiste, une reprise pourrait s’amorcer. Dans le cas contraire, une descente vers 70.000 dollars, voire en deçà, n’est pas exclue. Les prochains jours seront décisifs pour jauger l’ampleur de cette correction.
Cette semaine mouvementée illustre une fois de plus la nature du Bitcoin : un actif prometteur, mais imprévisible. Les tensions économiques, les failles de sécurité et les stratégies des grands acteurs ont convergé pour le faire plier.
Reste une question : cette baisse est-elle une secousse passagère ou le début d’un repli plus profond ? Dans l’univers des cryptomonnaies, la réponse appartient au marché et les surprises sont généralement légion.