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Elles picorent dans les jardins, pondent avec régularité et font parfois la joie des enfants. Depuis quelques années, les poules ont quitté les fermes pour s’installer dans nos arrière-cours urbaines ou périurbaines. C’est à la fois une bonne nouvelle… et une source d’inquiétude.

Sous couvert d’écologie domestique ou de retour au “naturel”, un nouveau phénomène est apparu : l’animal de basse-cour objet. On adopte des poules pour réduire ses déchets, avoir des œufs frais ou «amuser les enfants», sans toujours se poser les bonnes questions : qui sont ces animaux ? De quoi ont-ils besoin ? Et surtout, que deviennent-ils quand ils ne servent plus ?

La poule est souvent perçue comme un animal «simple», rustique, peu exigeant. En réalité, c’est un être social, sensible, intelligent, capable de mémoriser des visages, d’établir une hiérarchie, de ressentir la peur ou l’ennui. Elle a besoin d’espace, de lumière naturelle, d’activités quotidiennes (bain de poussière, grattage, exploration), de compagnie et… de soins.

Or, dans de nombreux cas, les installations sont sommaires, mal ventilées, sans protection contre les prédateurs. Certaines poules vivent isolées, sans congénères, ou enfermées dans de petits abris sans sortie. Peu de particuliers savent qu’une poule peut tomber malade, qu’elle doit être vermifugée, protégée des parasites ou même vaccinée.

Et lorsque la ponte s’arrête ou ralentit ? Trop souvent, l’animal devient «inutile». Et on l’abandonne dans la nature, on la donne, ou pire, on la fait disparaître discrètement. Un schéma d’exploitation domestique banalisé, bien loin du récit écologique qu’on se raconte.

Ce phénomène ne concerne pas que les poules. Les lapins, souvent achetés jeunes sans savoir qu’ils ont besoin d’au moins 4 m² chacun et des vaccins, les canards, qui nécessitent de l’eau propre, du calme, une protection contre les agressions, sont victimes d’une vision utilitariste et décorative.

On oublie qu’adopter un animal, quel qu’il soit, c’est un engagement moral, matériel et affectif. Et que derrière les plumes ou les grandes oreilles, il y a un être vivant, avec des besoins propres, une individualité, une capacité à souffrir, mais aussi à tisser des liens.

Il faut changer de regard dès aujourd’hui !

Alors comment faire mieux ? D’abord, en s’informant avant d’adopter. En comprenant les besoins spécifiques de l’espèce qu’on souhaite accueillir. En réfléchissant à long terme : que fera-t-on si l’animal tombe malade, vieillit, ou si notre mode de vie change ?

Enfin, en changeant notre regard : ne pas considérer ces animaux comme des ressources ou des outils, mais comme des êtres sensibles qui méritent notre respect autant que n’importe quel chien ou chat. Prendre soin d’un animal, c’est accepter de sortir de la logique de l’utile, du rentable ou du décoratif. Une poule, un lapin, un canard ne demandent pas moins de respect qu’un chien ou un chat. Leur silence ne signifie pas qu’ils n’ont rien à dire. Leur discrétion ne veut pas dire qu’on peut les oublier. Il n’y a pas de petits engagements quand il s’agit d’éthique animale. Chacun de nous peut, à son échelle, faire évoluer les choses. Et cela commence par un regard : un regard moins pressé, moins utilitaire, plus curieux, plus tendre.

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