Avec plus de 20 ans d’expérience dans le monde du spectacle et une passion partagée entre télévision, cinéma, théâtre et musique, Sofiane Dahech est une figure incontournable du paysage artistique tunisien. S’il est aujourd’hui principalement connu pour ses rôles comiques, son parcours est bien plus riche. Nous l’avons rencontré à l’occasion du tournage de « Sahbek Rajel 2 ». Dans cette interview, il revient sur son rapport au succès, à l’humour et à la musique qui continue d’accompagner sa carrière.
 Vous avez interprété de nombreux rôles très variés tout en menant parallèlement une carrière de chanteur. Aujourd’hui, vous êtes surtout reconnu comme un acteur comique. Quelle est la facette qui vous correspond le plus ?
Vous avez interprété de nombreux rôles très variés tout en menant parallèlement une carrière de chanteur. Aujourd’hui, vous êtes surtout reconnu comme un acteur comique. Quelle est la facette qui vous correspond le plus ?
Ce que beaucoup ignorent, c’est que je viens du théâtre. Je suis diplômé de l’Institut supérieur des arts dramatiques du Kef et j’ai près de 30 ans de carrière derrière moi. J’ai participé à plus de 50 projets, dont des comédies musicales inspirées de poètes. J’ai eu la chance de collaborer avec de grands noms comme feu Anouer Chaâfi. J’ai aussi monté six pièces dans le style de la commedia dell’arte, un genre peu répandu en Tunisie. C’est justement à travers ce style que j’ai découvert la comédie.
Après, ce sont surtout mes rôles dans « Dar Louzir » et les six saisons de « Nsibti Laâziza » qui m’ont rendu populaire comme la télévision touche un public beaucoup plus large que le théâtre. J’ai ensuite enchaîné avec d’autres séries comiques jusqu’à ma collaboration avec Lassaâd Goubantini et Kaïs Chekir. Depuis « Rebelote », tous les films que nous avons faits ont attiré un public nombreux et ont contribué à ramener les spectateurs en salles. Cela s’est poursuivi avec « Sabbek El Khir » et « Super Tounsi ». Mais je pense que « Sahbek Rajel » a marqué un véritable tournant. D’ailleurs, les retours ont été unanimement positifs, sans critiques majeures.
Vous avez reçu le prix du Meilleur Acteur aux Ramadan Awards 2025. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une consécration qui m’a profondément touché. Je ne suis pas très actif sur les réseaux sociaux. Je ne suivais donc pas forcément les réactions. Mais, au quotidien, les gens que je croise me félicitent. A travers mes rôles, je leur transmets de la joie et ils me renvoient beaucoup d’amour. C’est une reconnaissance d’autant plus sincère et émouvante quand elle m’est exprimée en face, plus encore que les commentaires en ligne.
Vous êtes actuellement en tournage de « Sahbek Rajel 2 ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une suite qui a vu le jour à la demande du public. Cette fois, l’histoire est plus dense avec davantage de suspense et de nouveaux développements. On garde bien sûr l’humour qui reste le pilier du film, mais on y ajoute plus d’action et de nouveaux personnages. Le succès du premier opus rend la tâche plus exigeante. Nous tenons à faire aussi bien, voire mieux. C’est pourquoi le tournage est intense. Le réalisateur et les scénaristes sont très perfectionnistes. Aucune scène n’est validée tant qu’ils ne sont pas totalement satisfaits. On coupe, on recommence, on affine… Cela prend du temps, d’autant plus que nous accordons une grande importance à la qualité de l’image. Toute réussite met désormais une pression. Si on ne maintient pas le niveau, on s’expose aux critiques.
Êtes-vous fidèle au texte tel qu’il est écrit ou avez-vous une marge d’improvisation ?
Les scénaristes Zine El Abidine Mastouri, Ahmed Essid et Kaïs Chekir lui-même sont présents tout au long du tournage, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Ils sont à l’écoute de nos suggestions, mais c’est à eux de valider. Parfois, on pousse un peu trop l’humour, alors ils nous recadrent. D’autres fois, ils apprécient notre touche personnelle et la gardent. Cette interaction crée une dynamique très positive, bien plus vivante qu’un simple texte livré tel quel.
 Comment fait-on, selon vous, pour incarner un rôle comique sans tomber dans le ridicule ?
Comment fait-on, selon vous, pour incarner un rôle comique sans tomber dans le ridicule ?
La comédie repose sur les situations. Ce n’est pas une question de répliques qui font rire, mais de contextes où l’humour émerge naturellement des réactions des personnages. Il faut que le texte pose une situation qui dégénère et c’est dans le développement qu’éclate le rire, pas dès la première ligne. Le réalisateur joue aussi un rôle clé car il ajuste, corrige et guide les séquences pour que l’effet comique soit réussi. L’acteur ne peut pas fonctionner seul. Il est porté par de nombreux éléments dont le scénario, la mise en scène et le message global de l’œuvre.
Le film « Sahbek Rajel » a cumulé un nombre de vues record en salles avant d’être transposé au petit écran. N’avez-vous pas craint que le succès du film nuise à la série ?
Pas du tout, au contraire. C’était prévu dès le départ que le projet se décline en deux formats. C’était aussi le cas pour «Super Tounsi» et ça le sera également pour la suite que nous tournons actuellement. Une série est prévue pour le mois de Ramadan.
Dans « Super Tounsi », le rôle de chanteur populaire que vous incarnez a-t-il été écrit spécialement pour vous ?
Oui, dans ce cas précis, le personnage a été écrit pour moi. Ce n’était pas le cas pour «Sahbek Rajel».
 Quelle place occupe le chant dans votre carrière ?
Quelle place occupe le chant dans votre carrière ?
Je mène mes deux passions en parallèle. En été, le théâtre est plus éprouvant, surtout avec un public nombreux et exigeant. Je préfère alors me tourner vers la musique. J’ai eu la chance de me produire en trio avec Mondher Ben Ammar et Faouzi Ben Gamra. J’ai aussi collaboré avec Afef Salem. Chanter me procure énormément de plaisir, surtout quand je vois l’accueil du public. Ce n’est pas uniquement une question de talent vocal, c’est aussi le comédien qu’ils retrouvent sur scène. L’ambiance est toujours au rendez-vous. C’est une autre façon de créer du lien. Chez moi, le chanteur et le comédien ne font finalement qu’un.
Est-ce que vous avez d’autres projets artistiques en vue ?
Oui. Je prépare également une pièce de théâtre avec Lobna Sdiri que nous lancerons dès la fin du tournage.
 
				 
					