Depuis que les savoir-faire ainsi que les pratiques culinaires et sociales liés à l’harissa tunisienne ont été inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en décembre 2022, mettant en exergue l’importance de ce produit du terroir en tant que condiment national, élément identitaire et vecteur de cohésion sociale dans nos contrées, le festival de l’harissa de Nabeul a pris une tout autre dimension. «La Presse de Tunisie» s’est entretenue avec le directeur de la 11e session de cet évènement à la fois culturel et social, M. Mohamed Rached Khayati, pour découvrir les nouveautés et les ambitions de ce rendez-vous annuel. Interview.
Pouvez-vous nous présenter cette 11e édition ? Quel est le thème choisi pour ce onzième acte?
L’édition actuelle est placée sous le thème « Authenticité et qualité ». C’est un cap sur la qualité tout en se maintenant, profondément, ancré dans le socle de l’authenticité.
Le progrès n’écorne pas l’identité qui non plus n’exclut pas l’innovation et le souci de conformité aux normes de qualité toujours aussi rigoureuses.
Quelles sont les nouveautés dans la session 2025?
L’architecture de l’événement ne diffère pas des précédentes. Toujours les mêmes grands axes : le marché, le cooking-show, la parade des toques blanches et le volet scientifique.
C’est toujours le contenu qui change pour éviter de tomber dans le piège du « déjà-vu » et afin que le festival se régénère continûment et assure ainsi sa pérennité. Quant à la nouveauté de la onzième édition, c’est la délocalisation à l’espace Jeelen pour les conférences afin de consacrer l’ouverture du festival sur son environnement immédiat.
Quels sont les défis à venir pour le développement du festival?
Les défis à relever à court et moyen termes sont l’internationalisation du festival, l’étalement de sa durée, son « éclatement » pour une présence dans tout le tissu urbain de Nabeul et la garantie d’un espace vital permettant l’expansion et le déploiement de ses activités.
Les organisateurs ont-ils l’ambition de donner un relief national (Ex: des exposants et des artisans d’autres régions, des éditions dédiées à une région bien précise comme Gabès, Tozeur, etc.) et un élan international au festival à travers des partenariats et des jumelages (ex: la fête du piment dans la commune d’Espelette, dans la province du Labourd, un des sept territoires composant le Pays basque, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques en région Nouvelle-Aquitaine)?
Pour répondre à cette question, je préfère commencer par Espelette. J’ai vu des vidéos de ce festival du piment séché et je trouve, en toute modestie, que nous n’avons rien à apprendre de cet événement. Le nôtre est plus animé et a un charme qui fait sa force et suscite l’engouement des visiteurs. De plus, le festival d’Espelette a un caractère plus religieux que culturel ou culinaire, même s’il fait bouger toute la ville. Quant aux régions, il est, en effet, temps de penser à les impliquer et aller vers elles. A chaque région son terroir. De plus, la culture du piment n’est plus le monopole du seul Cap Bon.
L’harissa a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Et après ?
C’est la question de la fin et c’est, peut-être, la plus pertinente. Normalement, l’après-2022 est différent de l’avant 2022. Gare à l’autosatisfaction ! Il ne faut donc pas dormir sur ses lauriers et se mettre, plutôt, en quête de nouveaux challenges toujours plus excitants.