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«La femme sans visage» ou «Sabbat El Ghoula» est le nouveau film de Mokhtar Ladjimi, producteur et réalisateur. Le film tourne autour d’un personnage pivot, celui de Zina. Un rôle pour lequel il a choisi la comédienne Hélène Katzaras qui signe son grand retour sur le grand écran. Nous les avons rencontrés…   

© La presse Yassine Mahjoub

Hélène Katzaras 

Pourquoi toute cette absence du grand écran ?

Je ne m’attendais pas du tout à cette proposition de rôle. Et je n’étais pas branchée sur le cinéma puisque je partais en vacances. J’ai pris mon temps puisque c’était un rôle assez compliqué d’une personne qui a 2O ans de plus que moi et que c’était le personnage pivot de tout le film. C’était une grande responsabilité.

était-ce facile de reprendre les plateaux après toute cette rupture ? Vous n’avez pas eu peur ?

J’ai eu peur ! Jusqu’à la dernière séquence ! Mais entre 2020 et 2023 j’ai fait trois courts métrages qui m’ont «remplie» en quelque sorte.  Lorsque Mokhtar Ladjimi est venu me voir j’ai eu peur parce que là il faut engager une grande responsabilité. Et puis, mon fils aîné m’a encouragée à «saisir cette chance». Selon lui, «Cette personne est venue te chercher pour ce film et il faut y aller !», m’a-t-il dit  et cette phrase est restée dans ma tête.

Pourquoi on ne vous voit pas à la télé ?

Je préfère la radio aux plateaux de télévision. La télé ce n’est pas trop mon genre ! 

De «Asfour stah » de Férid Boughdir à «la Femme sans visage» de Mokhtar Ladjimi, vous êtes témoin d’une grande période de la cinématographie tunisienne. Comment évaluez-vous aujourd’hui le cinéma tunisien ?

Je constate qu’il y a de plus en plus de jeunes cinéastes qui ont de belles choses à dire ! Ça me ferait plaisir de participer à ces nouvelles expériences. Le cinéma évolue lentement mais il évolue tout de même. Cela dit, il y a beaucoup de choses qui n’ont pas changé comme le côté financier, par exemple. 

Vous êtes d’origine grecque. Aujourd’hui vous vous sentez plus tunisienne ou grecque ?

Je suis autant tunisienne que grecque. Je suis née à Djerba , j’ai fait des études francophones et j’ai épousé un grand comédien tunisien  Ahmed Snoussi( Paix à son âme ) qui était un homme de culture très ouvert  et mes enfants sont issus de cette culture gréquo–arabo- francophone et je vis ça avec beaucoup de bonheur.

© La presse Yassine Mahjoub

Mokhtar Ladjimi 

Vous venez  de donner la dernière touche à «Sabbat el ghoula» ou «La femme sans visage», où vous avez choisi Hélène Katazaras pour porter le premier rôle…

«La femme sans visage»  tente de gagner le pari d’être en même temps un film d’auteur et un film grand public. C’est un tour de force, je le reconnais, mais j’espère le porter jusqu’au bout. J’essaie d’introduire une nouvelle expérience dans le cinéma tunisien avec ce film. «Sabbat el ghoula»  est une exploration de la mémoire d’une grand-mère dans ses débuts avec la maladie d’Alzeimer. C’est un film métaphorique qui se déroule  entre les années 60 (au début de l’indépendance de la Tunisie) et  l’année  2024. Ce film est une métaphore autour d’une grand-mère. C’est aussi un hommage que je rends à ma propre grand-mère et à toutes les grands-mères de Tunisie ainsi qu’à la femme.

Un mot sur le casting

J’ai opté pour le mélange de deux générations. Une génération de jeunes acteurs et une génération d’acteurs confirmés dont Hélène Katzaras qui fait un grand come-back dans le cinéma ainsi que Fatma ben Saidane. L’autre génération, c’est Ibaa Hamli, Azza Slimane et Nour Karoui  (Les filles d’Olfa) et qui sera la révélation de ce film. Un talent à suivre… C’est un casting minutieux et délicat voire risqué vu les moyens financiers limités.   

Un mot sur le dispositif de tournage de ce film

Je pense que ce film va apporter du nouveau, côté langage cinématographique. C’est un film d’atmosphère très différent de la facture classique.

Un film nostalgique ?

La vérité c’est que j’ai gardé une âme d’enfant. Mes meilleurs souvenirs d’enfance étaient avec ma grand-mère…. C’étaient les débuts de la radio, de la télé et du cinéma en plein air. Tout cela mélangé avec les nouvelles technologies actuelles donnera un lien magnifique entre les trois générations de Tunisiens.

Un mot sur la production de ce film

Il est toujours difficile de produire un film en Tunisie. Un film tunisien a besoin de soutien autre que celui du ministère qui doit être revu à la  hausse. Nous avons l’impression, des fois, qu’on fait de la mendicité et du surplace. D’autre part, les privés doivent s’investir davantage parce que nous avons beaucoup de mal pour finir un film. Il va falloir re-débattre toute cette problématique parce que nous vivons une difficulté alarmante. La ministre est priée de s’activer au plus vite pour que le cinéma retrouve son souffle à travers d’autres sources et taxations diverses. On ne peut plus attendre !

Entretien conduit par Salem Trabelsi PHOTO COUVERTURE

Salem Trabelsi

Equipe de rédaction, La Presse

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